Apple : le fruit défendu en Chine
Le gouvernement chinois vient d’annoncer l’interdiction aux fonctionnaires d’Etat d’utiliser un iPhone. Des bruits courent déjà que le gouvernement envisage d’étendre cette mesure aux employés des entreprises d’Etat – les fameux "state-owned enterprises" (abrégées en SOE). Mesure ponctuelle ou manifestation d’un phénomène de fond ?

Résumé de l’article
Le gouvernement chinois a décrété l’interdiction pour les fonctionnaires d’utiliser un iPhone dans le cadre de leur travail.
L’action Apple a chuté de 3,58% durant la séance qui a suivi l’annonce, soit la plus grosse chute sur les 30 derniers jours.
Les marchés doivent se rappeler des dégâts que peuvent provoquer les boycotts en Chine, qui ont vu la chaîne de supermarchés coréenne Lotte qui le pays.
Cette interdiction s’inscrit dans le cadre d’autres faits allant dans le même sens, comme la baisse des échanges entre la Chine et les Etats-Unis ou la diminution de la détention des bons au Trésor américain par la Chine.
L’interdiction sur les produits Apple arrive opportunément quelques jours après la mise sur le marché d’un nouveau téléphone de Huawei, la Mate 60 Pro utilisant la technologie 7 nanomètres.
C’est surprenant car Huawei était sous le coup de la sanction américaine qui avait pourtant interdit l’exportation d’une telle technologie.
Et si les sanctions étaient une aubaine pour la Chine qui l’obligent alors à faire des efforts à se moderniser et obtenir des technologies stratégiques ?
La Chine et le boycott
Le 6 septembre 2023, le gouvernement chinois a annoncé l’interdiction pour les fonctionnaires d’utiliser un iPhone dans le cadre de leur travail. Après cette annonce, l’action Apple a perdu 3,58% à la séance et se négocie à 182,91 $ à la clôture. Le sentiment national chinois s’exprime souvent par le boycott d’une marque étrangère. On se rappelle du boycott de la chaîne de supermarché coréenne Lotte après que Séoul ait accepté de stationner des batteries de missiles anti-missiles américaines sur le territoire national.

En juin 2022, il y avait quelques ministères chinois qui avaient banni la présence de voitures Tesla autour de leurs bâtiments pour des raisons de sécurité.
Rappelons ici d’autres phénomènes tels que la baisse de exportations chinoises vers les Etats-Unis, la diminution dans la détention des bons au Trésor américain par la Chine ou encore le refus du président Xi d’aller au sommet du G20.

Nous sommes clairement dans une escalade des tensions entre la Chine et les Etats-Unis, phénomène qui ne va certainement pas s’arranger à cause de la question sur Taïwan.
Un coup d’avance ?
En parallèle, la Chine étend son réseau et cherche à établir un contrepoids, notamment avec les BRICS et la promotion de son projet d’infrastructure et de commerce de la Nouvelle Route de la Soie.
Quelques jours avant l’annonce de l’interdiction sur les iPhones, le fabricant chinois de smartphone Huawei a sorti un nouveau modèle, le Mate 60 Pro. Malgré les sanctions américaines sur les exportations de matériels électroniques vers la Chine, le nouveau téléphone Huawei utilise la technologie de 7 nanomètres (nm) pour la gravure de son processeur. Cette technologie était pourtant l’apanage du fabricant taïwanais TSMC.

Des bruits courent que la Semiconductor Manufacturing International Corporation (abrégée en SMIC), le champion national chinois de fabrication de semi-conducteurs, avaient débauché des ingénieurs taïwanais pour l’élaboration de leur propre technologie de gravure 7 nm. On dit que la SMIC peut désormais fabriquer des processeurs à 5 nm avec un rendement commercialement viable.
Et si les sanctions ont finalement été une bonne chose pour la Chine qui leur permis de faire des bonds technologiques dans les secteurs stratégiques ? C’est le même phénomène que durant les chocs pétroliers : la hausse démesurée des prix du pétrole a obligé les fabricants automobiles à améliorer la technologie de leurs moteurs.
Conclusion
Individuellement, les faits ne paraissent pas critiques et n’indiquent pas une détérioration des relations entre la Chine et les Etats-Unis. C’est leur analyse dans un contexte plus vaste que l’on comprend l’éloignement irrémédiable entre les deux pays. Un revirement est toujours possible mais ce sera au prix d’une perte de face énorme pour soit l’un, soit les deux pays. Dans ces conditions, on voit mal comment la situation pourrait se changer en détente.
Cet article ne constitue pas une recommandation à un investissement quelconque.