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La lutte finale dans l'automobile US

Le syndicalisme a été historiquement et culturellement mal vu aux Etats-Unis mais des développements récents semblent indiquer que cela est en train de changer.




Résumé de l’article

  • Les Etats-Unis ont connu une série de mouvements sociaux dans le secteur des transports et c’est maintenant au tour des employés de l’industrie automobile de passer à l’action.

  • Environs 13 000 membres du syndicat américain United Auto Workers (UAW) se sont mis en grève dans 3 usines appartenant à General Motors, Ford et Stellantis, ce qui représente environ 9% de la capacité de production totale aux Etats-Unis.

  • L’UAW a un trésor de guerre de près de 835 M $, permettant au mouvement de se prolonger de manière durable.

  • Les demandes concernent notamment une hausse de près de 40% des salaires, étalée sur 4 ans ; les directions des 3 entreprises concernées n’en ont offert que 20%, offre qui a été rejetée.

  • Des employés ont déjà fait les frais de ce mouvement puisque certains ont été licenciés "temporairement" tandis que d’autres sont mis au chômage.

  • Un des impacts à court terme serait une pression à la hausse pour l’inflation car le prix des véhicules neufs en est un composant, ce qui complique le travail de la Réserve fédérale de lutte contre l’inflation.

  • Au vu des conséquences entre les travailleurs syndiqués et non-syndiqués, il est à parier que le mouvement risque de se généraliser dans les années à venir et remettre en question l’attractivité des Etats-Unis pour les affaires.



Contexte

On se souvient de la faillite de Yellow, une entreprise de transport américaine. Faillite que les médias attribuent à l’intransigeance du syndicat de chauffeurs sur la renégociation de leurs acquis sociaux. La vérité est certainement que la responsabilité soit partagée entre des conditions financières trop accommodantes qui encouragent une gestion hasardeuse et approximative de l’entreprise, un opportunisme des travailleurs qui avaient pu négocier des avantages salariaux excessifs et une série de conjonctures qui ont provoqué un effet-ciseaux sur les métriques économiques de l’entreprise (chiffre d’affaires en baisse et hausse des coûts).


Moins spectaculaire mais tout aussi significatif dans l’identification d’une tendance de fond, il y a aussi eu les renégociations salariales à l’avantage des chauffeurs d’UPS et des pilotes de lignes (et ici). On sent que les travailleurs du secteur des transports aux Etats-Unis réalisent l’importance stratégique de leur stratégie et veulent améliorer leur quotidien en utilisant ce levier.


Sans vouloir faire de politique, on peut faire l’hypothèse que ce phénomène syndicaliste est la conséquence d’une concentration du paysage entrepreneurial aux Etats-Unis, où de plus en plus, il n’a plus que quelques gros acteurs qui font la pluie et le beau temps sur l’offre et la demande. La sacro-sainte libre-concurrence que l’on associe volontiers à la culture américaine ne semble plus d’actualité.


Si l’on considère le nombre d’entreprises cotées américaine depuis 1975, on observe une tendance baissière évidente.



A qui le tour ?

Le vendredi 15 septembre 2023, approximativement 13 000 adhérents du syndicat de l’industrie automobile United Auto Workers (abrégé en UAW) ont débuté une grève dans 3 usines situées dans le Michigan, l’Ohio et le Missouri. D’autres grèves sont à prévoir mais les lieux restent inconnus à ce jour. C’est une tactique délibérée afin d’avoir plus de poids dans les négociations avec les directions.


Les entreprises touchées sont pour l’instant General Motors, Ford et Stellantis. Les 3 usines en grève comptent pour environs 9% de la capacité de production des Etats-Unis.


L’UAW a un trésor de guerre de $825 M, ce qui leur permet de prolonger la grève de manière si besoin est. Deutsche Bank a même fait un mini-modèle financier sur l’usage de cet argent :


La tête de l’UAW, Shawn Fain, veut obtenir une hausse salariale d’environ 40% répercutée sur les 4 prochaines années. Deutsche Bank propose un tableau récapitulatif de l’ensemble des demandes de l’UAW et des propositions des 3 constructeurs automobiles.



Cependant, Stellantis a récemment relevé son offre de hausse salariale jusqu’à 19,5%, offre désormais alignée sur celles de ses concurrents. Aux dernières nouvelles, ces offres ont toutes été rejetées par l’UAW et d’autres négociations devraient avoir lieu.



Conséquences immédiates et futures

Ford a déjà pris des mesures pour faire face à la disruption sous la forme de licenciements temporaires de près de 600 employés dans son usine du Michigan. General Motors a déjà fait savoir aux 2 000 travailleurs de son usine dans le Kansas qu’une interruption du travail aura lieu pour la semaine du 18 septembre.


L’administration Biden a missionné la secrétaire du travail Julie Su pour faire la médiation entre les différents partis. Pour rappel, le président Joe Bien se réclame être un président pro-syndicat.


Que peut-on s’attendre de ces évènements ?


Ces grèves vont impacter la production automobile et potentiellement le prix des véhicules. L’inflation du mois d’août était déjà ressortie au-dessus du consensus (3,7% contre 3,6% attendu).


Dans le détail, on observe que les prix des véhicules neuves est reparti à la hausse après 4 mois de stabilisation.


Avec ces grèves dont on n’en voit pas la fin pour l’instant, les prix risquent de repartir à la hausse et par conséquent, de donner du fil à retordre pour la Réserve fédérale.


A plus long terme, les résultats des mouvements syndicaux semblent donner raison à ces derniers. De plus, à la vue des traitements des employés par Ford et General Motors (respectivement licenciés et mis au chômage), les travailleurs n’ont rien à perdre à être syndiqués. Et si on remonte plus loin et on regarde le sort des camionneurs canadiens qui sont pour la plupart des travailleurs indépendants (comptes en banque bloqués, accusation de terrorisme), ceux qui veulent faire entendre leurs voix ont tout intérêts à faire parti d’une grosse organisation structurée.


On pourrait même envisager l’intensification du phénomène de relocalisation des industries vers les pays limitrophes tels le Mexique.



Conclusion

L’idée ici n’est pas de débattre du bien-fondé politique de ces mouvements syndicaux, mais d’essayer de comprendre et d’identifier la voie probable pour les 5 ans à venir. Il est probable que de voir l’émergence et la généralisation de tels mouvements. Et cela pourrait remettre en question l’attractivité du paysage des affaires aux Etats-Unis.



Cet article n’est pas une recommandation à un investissement quelconque.



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