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Le blues d'été des entreprises

Résumé de l'article

  • Le ralentissement de l'inflation tant vanté par les autorités et la presse a des risques de ne pas être durable d'après la tendance des derniers mois.

  • Les chiffres du Purchasing Manager Index (PMI) sont en dégradation nette pour les Etats-Unis, la Chine ainsi que la zone euro, signe que les entreprises ressentent et prévoient une pression sur les affaires (baisse de la demande, hausse des coûts).

  • La sortie de la crise de 2009 a été en partie permise par la relance gigantesque de la Chine à la suite de celle des Etats-Unis a peu de chance de se reproduire ici tant le pays s'est engagé dans un cycle de désendettement et le purge de ses mauvais investissements.

  • Loin de prédire la direction du marché sur laquelle parier, il s'agit d'un constat raisonné qu'il y a peu de probabilité que de bonnes nouvelles surviendront dans les moins à venir.

  • Une allocation prudente de son portefeuille semble être une bonne idée.



L’été est là, il fait beau, le temps est agréable, c’est le temps des vacances. Mais plus important encore, les marchés sont au plus hauts, pour la plus grande joie des investisseurs... En tout cas aux Etats-Unis et certains pays de la zone euro :


Le S&P500 américain caracole en tête avec une performance de +16,9% depuis le début de l’année suivi par l’indice de la bourse de Milan à +15,7%. Le DAX100 allemand fait +11,4% tandis que la CAC40 français a grimpé de +8,8%. Ces 4 pays européens ont sur-performé l’ensemble de la zone euro représentée par l’indice Eurostoxx600 qui a fait un honorable +4,8%. Ailleurs dans le monde, l’indice Shanghai Composite a fait du +3,7% tandis que la Grande-Bretagne ferme la marche avec -1,9%.

Globalement, la performance boursière a été encourageante mais sonne-t-elle la fin des chocs provoqués par la pandémie du Covid et de la guerre en Ukraine pour autant ? Comme toujours, le but n’est pas de prédire l’avenir mais de juger s’il y aura plus de chances que de bonnes nouvelles arrivent dans les mois à venir ou le contraire, afin de déterminer si cela vaut le coup de détenir plus d’actifs ou plus de liquidités.


L'inflation et la baisse des prix de l'énergie

Dans un article précédent, nous avons évoqué le ralentissement récent de l'inflation aux États-Unis, principalement causé par la baisse des prix de l'énergie. Cependant, en raison du sous-investissement chronique dans le secteur de l'exploration et de la production de gaz et de pétrole (E&P) et des actions concertées des principaux acteurs de ce marché, il est plus probable que les prix de l'énergie se maintiennent, voire augmentent, plutôt que l'inverse. En effet, nous observons déjà un signe faible allant dans ce sens, avec un ralentissement de la baisse des prix de l'énergie pour le mois de juin :


Dans le même article, nous avions également souligné que l'indice Core CPI (indice des prix excluant les denrées alimentaires et l'énergie) en juin était encore élevé, principalement en raison de l'augmentation du prix des services. Cette hausse pourrait être durable, car elle est potentiellement causée par l'inélasticité des salaires à la baisse.

Les chiffres du PMI

Regardons maintenant du côté des entreprise avec le Purchasing Manager Index (PMI).



Il s’agit d’un sondage à destination des entreprises représentatives de son secteur et de son pays sur leurs sentiments à propos des affaires. Les questions portent sur l'emploi, la demande, l'offre et les prix. Les entreprises sont invitées à indiquer si elles estiment que la situation s'améliore, se détériore ou reste stable. Le PMI est exprimé sous forme d'un chiffre oscillant autour de 50 qui représente un sentiment stable : une valeur supérieure à 50 indique une amélioration/expansion tandis qu'une valeur inférieure à 50 indique une détérioration/contraction. L'indice est publié au début de chaque mois et concerne le mois précédent. Les économistes émettent généralement des prédictions qui constituent le consensus du marché, les fameuses "attentes" que l'on peut lire chez les commentateurs.


Voici les chiffres du PMI pour 2023 dans les pays suivants : États-Unis, Chine, zone euro, France, Allemagne, Italie et Grande-Bretagne :

(*) : Les chiffres prévisionnels sont corrigés lors d’une mesure préliminaire publiée une semaine avant la fin du mois concerné.


Selon moi, le traitement des chiffres prévisionnels biaise l'interprétation des résultats réels finaux, car toute surprise sur le PMI réel indiquerait une situation soit bien meilleure, soit bien pire que prévue.


Malgré un début encourageant en 2023, nous constatons en juin au mieux un tassement de la dégradation (comme en Chine) et au pire, une accélération. Il est important de rappeler que ces données sont rapportées par les entreprises, qui planifient pour les mois à venir. De tels chiffres suggèrent alors un fort ralentissement des activités et des résultats dans les mois à venir.


Les cas de la Chine, de l'Allemagne et de l'Italie sont intéressants à cet égard car ce sont des pays axés sur l'industrie et l'exportation. On pourrait presque résumer leur modèle économique comme une boîte noire avec en entrée des matières premières et en sortie, des vêtements, des berlines ou des machines pour la fabrication de concentré de tomate.


Que se passerait-il si ces entreprises n'avaient plus accès à des matières premières bon marché ? Leurs marges s'effondreraient... De plus, si les matières premières deviennent coûteuses, l'inflation augmenterait également, ce qui obligerait les banques centrales à augmenter les taux d'intérêt (surtout si tonton Powell de la FED décidait d'augmenter son taux directeur).



Le retour de la Chine pour la relance ?

En examinant l'état des exportations de la Chine, on constate qu'il n'est pas brillant : en juin, il y a eu une baisse de 12,4 % par rapport à l'année précédente, et une baisse de 5 % sur l'ensemble des mois entre janvier et juin par rapport à la même période en 2022. On pourrait déduire de ce point de données que les mauvais chiffres du PMI provient d'un pessimisme sur l'état de la demande et sur le pouvoir de négociation des prix de vente.


Un point à rappeler ici est le rôle que la Chine a joué lors de la sortie de crise de 2009. A la suite à l'injection massive de liquidités par la Réserve fédérale américaine, la Chine avait mis en œuvre un vaste programme de stimulation fiscale axé sur les projets d'infrastructure. Cela avait pour effet de stimuler la demande mondiale et relancer l'économie globale. Il ne faut vraisemblablement pas espérer que la Chine retentent de telles mesures maintenant alors qu'elle est en plein processus de désendettement.


Avec la Chine sur le banc de touche aujourd'hui, il est difficile de voir d'où peut venir l'élément catalyseur qui permettrait le redémarrage du cycle économique.



En conclusion

  • Les niveaux élevés des valorisations ne sont pas justifiés par les fondamentaux économiques. On pourrait penser que ces niveaux élevés sont maintenus grâce à l'espoir d'une reprise du quantitative easing* par les banques centrales, mais le risque d'inflation reste réel malgré les récentes données soi-disant encourageantes, rendant un tel espoir peu probable.

  • Les sentiments négatifs des entreprises et l'analyse des différents indicateurs suggèrent une augmentation de leurs coûts, ce qui pourrait impacter leurs marges et profits, ainsi qu'une baisse de la demande et des prix de vente.

  • Nous avons du mal à identifier l'élément catalyseur qui pourrait changer la situation, car les outils tels que le "quantitative easing" et la stimulation fiscale ont déjà été utilisés auparavant. Il est difficile de voir quel autre pays avec l'envergure nécessaire ou ayant un intérêt, pourrait utiliser de tels outils.

  • Je ne cherche pas à prédire un crash spectaculaire à venir, car cela nécessiterait une situation inattendue par les banques centrales. Cependant, nous sommes en pleine transition vers un nouvel équilibre et un nouveau modèle, ce qui exige d'être agile pour saisir les opportunités à la hausse comme à la baisse, en privilégiant les liquidités plutôt que les actifs financiers.

  • Ce n’est pas la fin du monde : nous sommes en pleine transition où un nouvel équilibre et un nouveau modèle se cherchent encore ; mais en attendant, il s'agit d'être agile pour chevaucher les cycles à court-terme et accorder plus de poids aux liquidités plutôt que les actifs financiers (*).



(*) Ceci n'est pas un conseil d'investissement.


Glossaire

Quantitative easing : L'assouplissement quantitatif (en anglais : quantitative easing, abrégé par QE dans cet article) désigne un type de politique monétaire par laquelle une banque centrale rachète massivement de la dette publique ou d'autres actifs financiers afin d'injecter de l'argent dans l'économie et de stimuler la croissance. (Source : Wikipédia)

 

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En savoir plus sur l'auteur de l'article : Hei Hang.


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