Les chiffres magiques
La rentrée pointe le bout de son nez et les stages d’été touchent à leurs fins… Peut-être est-ce pour cela que l’on voit des données macroéconomiques révisées en ce moment.

Résumé de l'article
Les données économiques sont souvent sujettes à la technique des "ajustements saisonniers" qui peuvent altérer la perception de la réalité économique.
Le Bureau des statistiques de travail aux Etats-Unis a rapporté 8,827 millions d’offres d’emplois en juillet alors que le consensus en attendait 9,5 millions.
Ce qui a de troublant est ce ratage vient à la suite de deux grosses révisions à la baisse des chiffres des mois précédents.
De plus, il semble que d’autres données aient également subi des ajustements vers le bas : le nombre de nouvelles constructions de maisons individuelles, le nombre de salariés, la production industrielle et manufacturière…
Même le chiffre du PIB du 2ème trimestre n’y a pas échappé puisqu’il ressort finalement à 2,07% au lieu de 2,4%.
Au niveau des entreprises domestiques, leurs niveaux de profits ont baissé globalement de 6,5% en année glissante.
Ce qui pose la question de la viabilité des valorisations boursières de ces entreprises.
Implosion dans le marché de l’emploi aux Etats-Unis
Les chiffres de l’emploi sont un concept merveilleusement flexible grâce à la magie des "ajustements saisonniers".
Alors que les économistes s’attendaient à un nombre d’offres d’emplois de 9,5 millions en juillet, le Bureau des statistiques du travail aux Etats-Unis (en anglais "Bureau of Labor Statistics" abrégé en BLS) rapporte qu’il n’y en a eu que 8,827 millions. C’est la première fois depuis mars 2021 que ce chiffre se situe en dessous de 9 millions et c’est également le plus gros raté de l’histoire de cette donnée.
Si on regarde pour mai et juin, le BLS avait également révisé à la baisse a posteriori les nombres d’offres d’emplois.

Cela veut dire que :
Sans la révision de mai, la chute des offres d’emplois en juillet par rapport à mai aurait été d’environ 800 000 au lieu de 338 000, ce qui aurait été politiquement difficile à défendre.
Et malgré les révisions à la baisse, on ne voit pas de rebond.
Le plus inquiétant reste le fait que cette pratique ne soit pas un cas isolé puisque les données sur les nouvelles constructions de maisons individuelles, le nombre de salariés, la production industrielle et la production manufacturières ont aussi été révisée à la baisse. Non seulement les opérateurs ont une vue faussée de l’économie, mais cela remet aussi en question l’objectivité et l’intégrité des agences chargées de la production de ces données.


La production industrielle en juillet aux Etats-Unis a cru de 1% contre une estimation de +0,3%... mais le chiffre du mois précédent a été révisé à -0,8%. Même phénomène pour la production manufacturière : +0,5% en juillet contre un consensus de 0% mais avec une révision de -0,5% en juin.
Dans le détail, les plus grosses baisses dans les offres d’emplois ont eu lieu dans les services aux entreprises (-198 000), la santé et les services sociaux (-130 000), le fonctionnariat local hors éducation au niveau local (-67 000), l’éducation (-62 000) et le fonctionnariat au niveau fédéral (-27 000). Les hausses remarquables ont eu lieu dans l’informatique (+101 000) et les services de transports, d’entreposage et les services utilitaires (+75 000).
Un autre indicateur "mineur" révisé à la baisse
Après les amuses bouches, vient le plat de résistance : le chiffre du produit intérieur brut (PIB) pour le 2ème trimestre est également révisé à la baisse. Initialement annoncé à 2,4% - chiffre sur lequel beaucoup se sont félicité et enthousiasmé – le PIB n’est désormais que de 2,07%.
Selon le Bureau de l’analyse économique (en anglais "Bureau of Economic Analysis" abrégé en BEA), cette révision est expliquée par une baisse légère des investissements dans les inventaires et une hausse dans l’investissement dans les entreprises, mais contrebalancé par la baisse des exports, des dépenses publiques et des consommateurs.

Plus proche des investisseurs, le BEA rapporte que le niveau des profits des entreprises a baissé de 0,4% au 2ème trimestre après une baisse de 4,1% au trimestre précédent.
Dans le détail :
Les institutions financières domestiques ont vu leurs niveaux de profits fondre de 12,1% (après une baisse de 2,3%).
Les profits des entreprises non financières domestiques ont baissé de 0,9% (après une baisse de 5% au T1).
En glissement annuel, les profits globaux des entreprises ont baissé de 6,5%.
Conclusion
Suite à toutes ces révisions, on se rend compte que la narrative lénifiante des "Bidenomics" prend un grand coup dans l’aile. Sur le long terme, si ces pratiques se perpétuent, les opérateurs économiques et les investisseurs pourraient ne plus avoir confiance dans les données publiées et seront plus méfiants dans leurs projets, ce qui in fine risque de ralentir la croissance et faire augmenter les coûts.
Les niveaux de profits des entreprises continuent de baisser : on voit mal comment dans ces conditions les valorisations pourraient continuer à défier la gravité.
Cet article ne constitue pas une recommandation à un investissement quelconque.
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