Mauvaise note pour les Etats-Unis
Résumé de l'article
L’agence de notation Fitch Ratings a dégrade la note de crédit des Etats-Unis d’un cran, passant de la note maximale de AAA à AA+.
Le rôle des agences de notation consiste à fournir une opinion externe à la probabilité de défaut d’un organisme (entreprise, collectivité locale ou pays) sur les dettes qu’il émet.
Les opérateurs du marché se servent de ces notes pour déterminer les taux d’intérêt et les conditions des emprunts qu’ils créent.
Les marchés ont réagi en vendant les actifs américains (actions, obligations et monnaie).
Historiquement, ce n’est pas la première fois qu’une telle dégradation a eu lieu puisque l’agence Standard & Poor’s a fait la même chose en 2011.
Les marchés américains se sont très bien comportés depuis peut-être en raison de l’absence d’une alternative crédible au système américain.
Les marchés ont récemment bien performé et sont peut-être en attente d’une raison pour la prise de profits avant de recharger pour le prochain cycle.
L’agence de notation financière américaine Fitch Ratings a dégradé la note de crédit des Etats-Unis le mardi 1er août 2023 au soir. La note passe de AAA à AA+. Cet article va tenter de décrypter les implications de cette dégradation.

Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings
Le rôle d’une agence de notation financière est d’évaluer le risque de non remboursement de la dette d’une entreprise, d’une collectivité locale ou d’un emprunt d’un État. L’agence évalue des critères comptables, de gestion, de rentabilité, des perspectives économiques, de stabilité politique, budgétaire, monétaire etc.
Une agence peut attribuer une note court terme (horizon de temps inférieur à 1 an) et une note long terme (10 ans et plus). Chacune des notes indique l’avis de l’agence sur la probabilité de l’organisme noté de faire défaut dans un horizon de temps donné. La note se présente généralement sous la forme d’une série de lettres suivi d’un nombre ou d’un signe + ou -.
Les acheteurs et vendeurs de dettes se réfèrent à ces notations pour déterminer le taux d’intérêts et autres conditions de la transaction (que l’on appelle "covenants" en anglais, des clauses qui sont activées lorsqu’une ou des conditions sont remplies). Ces notes servent aussi de critères pour les organismes qui ont des mandats d’investissement, comme par exemples les fonds de pension qui ne peuvent pas investir dans des produits trop risqués.
Les agences de notation sont des entreprises privées à but lucratif. Les 3 agences incontournables du marché sont dans l’ordre d’importance : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. Notez que Standard & Poor’s ($SPGI) et Moody’s ($MCO) sont des entreprises cotées aux Etats-Unis.
Voici un aperçu des notes que ces 3 agences peuvent attribuer :

Une note long termes implique une note courte terme. On remarque que deux notes long termes légèrement différentes auront des notes court termes identiques car on estime que les entités sont également fiables pour remplir leurs obligations à court terme.
Les dettes sont souvent catégorisées en trois catégories :
Les dettes "prime" : vendue par les entités d’excellente réputation comme Johnson & Johnson, Microsoft, la Suisse ou Singapour.
Les dettes "investment grade" : elles correspondent aux dettes avec une note en vert dans le tableau.
Les dettes "non-investment grade" : elles correspondent aux dettes avec une note qui n’est pas en vert dans le tableau. Ces dettes sont dites "high-yield" (haut rendement en français) si elles sont créées en ayant directement une note "non-investment grade". Elles sont dites "junk" (déchet en français) lorsque la note change au cours de l’existence de la dette.
Une des mesures de la bonne santé de l’économie et des marchés passe par l’écart entre les dettes "investment grade" et "non-investment grade". Une économie en expansion incite à la prise de risque avec les investisseurs qui achètent les obligations "high yield" en masse : cela a pour effet de réduire l’écart. Au contraire, une économie en contraction va favoriser une fuite vers la sûreté : les obligations "high yield" sont vendues et les capitaux vont se retrouver dans les obligations "investment grade" ou "prime".

Les Etats-Unis dégradés
Fitch Ratings a dégradé d’un rang la note de la dette souveraine des Etats-Unis. Ils perdent alors la prestigieuse note de AAA et se retrouvent avec AA+. Cette action n’est pas nouvelle puisqu’en 2011, l’agence Standard & Poor’s a fait la même chose. Moody’s maintient encore la note maximale de Aaa.
Les marchés ne semblent pas avoir apprécié cette nouvelle puisque le marché-actions et le taux de change ont baissé tandis que le taux d’intérêt à 10 ans a monté :



Que doit on en penser ?
Comme toujours, les marchés adorent les nouvelles dramatiques pour provoquer des mouvements de panique. Cette nouvelle arrive étrangement après près de 5 mois de hausse ininterrompue des marchés actions :

Si l’on regarde la trajectoire des marchés action et obligataires américains depuis la dégradation de Standard & Poor’s, on n’en voit pas tellement l’impact :


Les actions ont continué à monter tandis que les taux d’intérêt continuent de suivre les actions de la Réserve Fédérale.
Sans avancer l’idée que tout va bien dans la gestion des affaires aux Etats-Unis, on peut interpréter ces courbes comme le fait qu’il n’y a simplement pas d’alternative au système américain, et que le marché américain reste encore le meilleur endroit pour investir. La tentative initiée par les pays du BRICS (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) va devoir surmonter un véritable mur de rivalités et d’intérêts particuliers avant de proposer un système crédible. Le traité commercial entre l’Inde et la Russie où cette dernière recevait des roupies en échange de son pétrole a été suspendu, simplement parce qu’il n’y a rien à acheter avec des roupies.
Mon opinion est que les marchés vont se servir de ce prétexte pour prendre les profits et attendre la baisse des marchés avant de recharger pour le prochain cycle. Toute chute d’un système prévalent est un processus. La dette colossale des Etats-Unis est bien évidemment un coup dur de plus à la solidité du dollar mais pour l’instant, il n’y a pas encore d’alternative crédible.
Cet article ne constitue pas une recommandation à un quelconque investissement.

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