Stratégie Small Caps : pourquoi investir dans les petites capitalisations ?
Dernière mise à jour : 4 févr. 2022
Les petites et moyennes capitalisations boursières (que nous nommerons PME comprenant les Small et Mid Caps) ne sont pas comme les grandes entreprises. Plusieurs facteurs en font presque une catégorie d'investissement distincte. À commencer par la capitalisation boursière, qui définit la taille de l’entreprise dans le marché, ce qui induit à cible (le scope de couverture des analystes).
Il n'est pas rare de trouver de petites entreprises, qui sont surveillées de près, seulement par très peu d'analystes. C'est un avantage car le marché est large et personne ne peut couvrir toutes les entreprises. Cet effet entraine une faible compétition, quand l’investisseur analyse les Small Caps (petites entreprises en anglais) il a un grand avantage sur les autres investisseurs.
Lorsque l'on regarde une entreprise comme Total ou Axa, il est plus difficile de trouver l’affaire de la décennie. Après tout, des dizaines d'analystes analysent l’entreprise journalièrement, la pépite ne sera pas présente parmi les mastodontes.
Pourquoi est-ce comme ça ?
Il est plus facile pour une entreprise de 500 millions d’euros de valoir 1 milliard d’euros que pour une entreprise de 50 milliards d’euros valoir 100 milliards. En effet, la petite entreprise a besoin d'une augmentation plus faible des résultats pour justifier un prix deux fois plus élevé.
Il est beaucoup plus difficile de doubler le chiffre d'affaires d'une banque comme BNP (qui détient déjà 30% du marché national). Pour cette raison, les actions Small Caps, bien que généralement liées aux petites entreprises, sont celles qui ont le plus grand potentiel de bourses à travers le monde.
Plus de 50% des entreprises en France (en Europe et US aussi) sont des petites capitalisations. Il y a une énorme route à explorer. Il est certain que quelques petites entreprises d’aujourd’hui seront les énormes entreprises de demain.
Chaque investisseur aimerait découvrir le prochain ordinateur Microsoft Corporation, Apple ou Amazon dès le début lorsque l'entreprise est petite et relativement inconnue.
Il est évident que la majorité des grandes entreprises ont commencé avec une taille méprisable pour que le marché les fasse attention. Une petite liste des PME qui sont devenus géantes :
Microsoft a été créé dans une chambre en 1975. L’entreprise de Bill Gates et Paul Allen a fait son entrée en bourse pour 61 millions de dollars, aujourd’hui sa capitalisation est d’environ 1300 milliards de dollars.
Ubisoft a eu son ouverture en 1992 à Paris. Actuellement la marque de jeux occupe la troisième place des plus grands éditeurs indépendants du monde. Ceux qui ont investi dans Ubisoft en 1996 ont multiplié leur montant par 26 fois.
Subway a commencé avec un petit magasin à Bridgeport – US avec un investissement d’environ 1000 euros, actuellement la marque génère une recette de plus de 10 milliards sur ses 35000 franchises.
L’Oréal est un des florons français. L’entreprise leader en cosmétique a eu un retour de 3000% depuis 1990, date dont elle était déjà connue en France mais restait encore une PME de Clichy.
Les PME peuvent grandir 3 fois, 5 fois ou même devenir un 10 bagger. C’est de cette façon que le grand investisseur Peter Lynch a nommé les entreprises qui multiplient par 10 leur taille initiale. Vous l'aurez compris, vous pouvez trouver un 20 ou 100 bagger parmi les PME mais plus difficilement parmi les mastodontes de la bourse. L’Oréal a 150 milliards de capitalisation boursière, nous pouvons affirmer sans avoir peur que la probabilité qu’elle grandisse encore 10 fois ou 20 fois est limitée.
Mon objectif, dans ce dossier est d'aborder l'univers des PME et d'identifier un moyen de sélectionner les meilleures sociétés de ce segment sur les marchés financiers, afin d'aider et de favoriser le potentiel de plus-value des investisseurs qui décident d'inclure ce type d'actions dans leurs portefeuilles à long terme.
1ère classification : capitalisation
Il est évident que Total est une grande capitalisation (une large cap), ce que les américains appellent Blue chip, néanmoins, lorsque l'on analyse les capitalisations inférieures, la définition peut rapidement devenir flou.
Une classification souvent utilisée par la littérature financière, par rapport à la capitalisation, est la suivante (en euros) :
Large caps (Grandes capitalisations) : plus de 5 milliards.
Mid caps (Moyennes capitalisation) : entre 1 et 5 milliards.
Small caps (Petites capitalisations) : moins de 1 milliards.
Micro-caps (Très petites capitalisations) : moins de 50 millions.
Il n'y a pas de plages de valeurs standardisées pour chaque catégorie d'entreprise. Par conséquent, il est nécessaire de comprendre les intervalles considérés pour assembler chaque groupe (Large Caps, Mid Caps, Small Caps, entre autres).
2ème classification : NYSE Euronext
L’entreprise qui gère le marché boursier français, sous la main de l’AMF (Autorité des marchés financiers), a décidé en 2011 de diviser le marché français de la manière suivante :

L’indice CAC Small n’a pas de limites par rapport le nombre d’entreprises que le compose.
Différemment la classification par capitalisation, la division d’Euronext a classifié par tranches d’entreprises. Les 60 plus grandes entreprises qui forment le CAC Large 60 (Large caps), suivies des moyennes capitalisations CAC Mid 60 (Mid caps) et des Small caps (CAC Small).
La classification faite par Euronext a été pensé par rapport la réalité du marché français. Cette même logique ne serait pas applicable dans le marché américain. La plus petite des entreprises du CAC Large 60, donc considéré une grande capitalisation pour le marché français, a une valeur de marché d’environ 5 milliards, ce qu’équivaut à l’entreprise classifiée en position 400 dans l’indice américain SP500.
Cet exemple est utile pour vous montrer aux investisseurs que la classification n’est pas le sujet plus important. Il est clair qu’on ne peut comparer un marché de 15,000 entreprises (américain) contre un marché de 750 entreprises (français).
Il faut que l’investisseur s’adapte à classification du marché lequel il souhaite investir. L’indice de chaque pays est adapté à la réalité de son propre marché.
D’après la capitalisation des entreprises qui constituent les indices français on peut constater que le marché français a une classification proche de la suivante (en euros) :
Large caps (CAC Large 60) : plus de 10 milliards.
Mid caps (CAC Mid 60) : entre 1 et 10 milliards.
Small caps (CAC Small) : moins de 1 milliard.
Les catégories ont de la marge entre elles, car la capitalisation des entreprises dépend du cours de l’actions en bourse. Il n’est pas impossible de trouver des entreprises dans la catégorie CAC Mid avec une capitalisation inférieure à 1 milliard ou une Small caps avec plus de 1 milliard d‘euros de capitalisation. Néanmoins les trois tranches décrites ci-dessus sont une excellente base de classification à garder dans la tête.
La majorité des fonds d’investissement spécialisés sur les Small caps en fait investissent sur les Mid et Small, cette dernière catégorie avec un poids plus élevée dans le portefeuille. Rien n’empêche une entreprise Mid de 5 Milliards d’euros devenir un 10 bagger, même que cela soit plus probable avec les Small caps.
Au lecteur : dans ce dossier, le mot PME fait référence aux moyennes et petites capitalisations, quand on souhaitera parler séparément de ces deux groupes on utilisera les termes Small caps pour les petites capitalisations et Mid caps pour les moyennes capitalisations.
La performance de Small Caps vs Large Caps en France

Le graphique montre le développement de l’indice CAC Mid Small par rapport l’indice CAC 40 depuis janvier de 1999 jusqu’à mars 2020 (avec dividendes réinvestis) sur la base 100.
L’indice CAC Mid Small a surperformé le principal indice français de grandes capitalisations de plus de 164% dans la période. La rentabilité du CAC Mid Small a été de 346,1% contre celle de 181,7% du CAC 40.
Quelqu’un qui a investi 10.000 euros sur l’indice CAC Mid Small en 1999 aurait le montant de 34.610 euros en mars de 2020. Le même investissement sur le CAC 40 aurait remporté 18.170 euros.
Quand on analyse les données de progression des indices il est intéressant de comparer le retour en termes d’intérêt composé dans la période analysée. L’investissement sur mes moyennes et petites capitalisations a eu une rentabilité moyenne annualisée de 6,30% contre 3% du CAC 40.
L’investisseur peut se demander si cette tendance de surperformance des petites et moyennes capitalisations peut être extrapolée dans des autres marchés financiers : la réponse générale est positive.
Les investisseurs de Small caps acceptent volontiers l'incertitude liée à l'investissement dans des idées potentiellement rentables, mais pas encore prouvées. Le rapport risque-rentabilité (risk-reward) ne signifie pas que l'investisseur à petite capitalisation est prêt à jeter l'argent de son portefeuille au vent, mais que des devoirs minutieux et une diligence raisonnable peuvent indiquer les marchés de produits et de services émergents (et éventuellement lucratifs), et les entreprises qui assurera le leadership initial pendant les premières étapes du décollage et de la croissance rapide.
La performance des Small et Mid caps dans le marché américain

Source : 30 years of small caps investing
L’image ci-dessus montre le retour moyen annualisé du marché PME et des grandes capitalisations aux États-Unis dans une période de 30 ans (1987-2017).
Au cours des 30 dernières années, la croissance des bénéfices a plus que compensé les fortes baisses, laissant l'expansion des bénéfices annualisée des sociétés à petite capitalisation légèrement en avance sur leurs homologues plus importantes.
A partir de ces informations on constate le fait de que les Small Caps surperforment les grandes capitalisations la majorité du temps, surtout pendant les périodes de bull market (hausse du marché). Cependant pendant les crises de 1991, 2001 et 2008 le marché des Small caps a subi une chute plus forte que les grandes capitalisations.
La récupération des Small Caps après les crises a la tendance d’être plus rapide, par conséquence même avec une chute plus importante pendant les crises généralisées les Small Caps ont un retour plus élevé que les Large Caps à long terme.
Ce comportement est compréhensible car durant périodes de panique le marché préfère garder les grandes capitalisations comme actifs de refuge. Cela peut être une excellente opportunité pour acheter bonnes PME a un prix réduit.

Source https://www.mackenzieinvestments.com/content/dam/mackenzie/en/2019/07/fi-us-mid-cap-space-en.pdf
Si on sépare la performance des PME dans les deux sous catégories : Mid et Small caps, on observe que dans le marché américain, pendant les 20 dernières années, les Mid Caps ont performé légèrement mieux que les Small caps, mais les deux catégories ont battu tranquillement le marché de grandes capitalisations. Les moyennes capitalisations américaines offrent la stabilité des grandes capitalisations avec le potentiel de croissance des petites capitalisations.
Le « The Pensions and Investments research group » aux US a examiné l'effet des petites capitalisations sur une période de 70 années de 1926 à 1996. Ils ont divisé toutes les actions du NYSE en 10 groupes (de la plus grande à la plus petite capitalisation boursière) appelés déciles. Le décile 1 possède 90% des plus grandes capitalisation, le décile 2 les 80% plus grandes capitalisations, etc, jusqu’à arriver au décile 10 avec les 10% plus petites capitalisations du marché.
Les 10% plus petites ont performé 19,82% contre 11.56% des 90% plus grandes sociétés, une différence de 8,26%. Nous disons que les plus petites des entreprises avaient une moyenne prime de rendement annuelle de 8,26% contre les 10% les plus élevés du groupe
Les 20 pour cent les plus petites entreprises (décile 9) avaient une prime de rendement annuelle moyenne comprise entre 3,5 et 6,5 pour cent par rapport aux 10% les plus élevés (décile 1).
Vous pouvez visualiser mieux ces informations* ci-dessous :

*La performance historique des actions ne peuvent pas servir d'indicateur de rentabilité future.
Un marché inefficient
Les actions à petite capitalisation sont généralement décrites comme « ignorées », «négligées» et «moins connues». Cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien de disponible sur ces entreprises ou que les grands gestionnaires de fonds institutionnels ignorent ou négligent ces actions moins connues.
Les professionnels de l'investissement sur le marché font beaucoup plus attention aux grandes entreprises nationales et multinationales, mettant souvent l'accent sur la valeur ou le revenu de dividendes objectifs de croissance.
En moyenne, les actions à faible capitalisation sont plus susceptibles d'être mal évaluées. Cela ne se produit généralement pas aussi facilement pour les grandes capitalisations. Pourquoi ? Les grandes sociétés de capitalisation ont tendance à surveiller davantage ce que l'on appelle la Smart Money.
Smart Money est essentiellement composé du capital des gestionnaires d'investissement, des fonds de pension, des fonds souverains, des compagnies d'assurance, de la trésorerie bancaire et des grands investisseurs.
Ce sont des investisseurs professionnels qui se consacrent pleinement à la recherche de bonnes opportunités sur le marché financier. Avec un si grand nombre d'analystes concentrés sur ces sociétés, il est beaucoup plus difficile pour un investisseur individuel d'avoir une vue unique de la société et de voir une opportunité qui n'a pas encore été découverte par les autres acteurs du marché. La concurrence pour trouver de bonnes affaires est tout simplement beaucoup plus grande.
Les sociétés à petite capitalisation ont tendance de passer inaperçues de la vue des grands prédateurs du marché. Le marché est lent à digérer le peu d'informations disponibles publiquement et les prix du marché sont moins susceptibles de refléter toutes les informations pertinentes.

L’image ci-dessus montre que la quantité de spécialistes qui analysent les grandes entreprises est environ 4 fois plus importante.
Des fonds d’investissement de centaines de millions d’euros auraient beaucoup de mal à créer et à démanteler leur portefeuille aux prix et aux délais souhaités pendant une crise.
Étant donné que les détenteurs de quotas ont le droit de demander le retrait quand ils le souhaitent, si ce retrait était beaucoup plus élevé que prévu par le gestionnaire, il devrait alors vendre des actions moins liquides pour honorer ces retraits.
Par conséquent, il existe des actions que les fonds d'investissement ne considèrent même pas pour leurs portefeuilles, même si ce sont de grandes opportunités. La préférence des grands gestionnaires pour les grandes capitalisations est claire.
Les investisseurs à Small Caps voient très favorablement ce manque de connaissances sur le marché, car ils croient pouvoir obtenir un avantage distinct grâce à une recherche et analyse intensive. Une diligence raisonnable exhaustive peut produire des informations exclusives sur le les perspectives de la société qui pourraient récompenser les investisseurs avec des rendements boursiers élevés à long terme.
Un univers d’opportunités
Il existe bien plus de manières de développer une petite entreprise qu’une grande entreprise. On a déjà parlé du potentiel plus élevé des PME. Lorsqu'une entreprise atteint sa maturité, il devient beaucoup plus difficile de poursuivre sa croissance à la même vitesse que lorsque l'entreprise avait une échelle beaucoup plus petite.
Supposons un exemple d’une entreprise qui a 70% du marché, même au cas où elle serait capable de détenir 100% du marché, ce qui est peu probable, son bénéfice ne doublerait (en maintenant les marges constantes) que si le marché de la consommation augmentait de 57%.
Warren Buffett a souligné à plusieurs reprises dans ses lettres annuelles que les actionnaires de Berkshire ne devraient pas s'attendre aux mêmes résultats des périodes précédentes. L'historique de croissance de sa société, Berkshire Hathaway, le démontre : lorsque la société holding était plus petite, les taux de croissance des capitaux propres et des bénéfices étaient beaucoup plus élevés, diminuant au fil des ans.
Lorsque Buffett a géré beaucoup moins de capitaux, il avait beaucoup plus de possibilités de rentabiliser les affaires que lorsqu'il a commencé à travailler avec des dizaines de milliards de dollars. Pour qu'une grande entreprise se développe, une bonne opportunité ne suffit pas. Cela doit être aussi une grande opportunité.
Ce n'est pas le cas des petites capitalisations qui, parce qu'elles ont une échelle de fonctionnement beaucoup plus petite, peuvent se développer plus rapidement. Parfois, un nouveau contrat modifie la taille de l'entreprise.
Il ne faut pas oublier que toutes les petites capitalisations ne sont pas des petites entreprises et que toutes les petites entreprises ne sont pas des petites capitalisations.
Bien sûr, en Bourse, nous sommes confrontés à des sociétés plus consolidées qui sont plus susceptibles de croître. Il faut en effet que l'entreprise soit en mesure de mettre en œuvre efficacement sa stratégie de croissance, en valorisant toujours la génération de valeur pour ses actionnaires.
N'oubliez pas que chaque grande capitalisation était autrefois une petite capitalisation. Ainsi, certaines entreprises pourront certainement se développer considérablement.
Premièrement, dans l'ensemble, les actions à petite capitalisation ont affiché des gains considérables à diverses périodes au cours des dernières décennies, et ces rendements ont, dans de nombreux cas, dépassé de loin les critères de performance traditionnels tels que l'indice Dow Jones Industrial Average et l'indice S&P 500.
Mais la deuxième conclusion est beaucoup plus critique pour la compréhension de la façon d'être un investisseur performant dans les petites capitalisations : une croissance extraordinaire n'est pas unique aux petites capitalisations entreprises.
De nombreuses entreprises à moyenne et grande capitalisation enregistrent également des rendements anormaux importants, en raison de la part de marché et la croissance des ventes dans leur secteur, grâce aux innovations de pointe en matière de produits et de services.
Dans le même contexte, toutes les entreprises à petite capitalisation ne sont pas non plus prêtes à connaître une croissance exceptionnelle. Il n'y a pas de corrélation entre la taille de la capitalisation boursière d'une entreprise et sa capacité à introduire avec succès des idées gagnantes dans son industrie. Tout comme il existe de nombreuses entreprises à grande et moyenne capitalisation qui ne connaîtront pas d'énormes gains car ils ne sont pas positionnés pour tirer parti de la ou des tendances les plus en vogue de leur secteur. Les Small caps se bénéficient de leur taille pour changer rapidement leurs stratégies, pour innover et gagner le marché.
Le potentiel de croissance élevé est intrinsèque aux petites capitalisations. Le risque et la solidité financière de ces entreprises également.
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En savoir plus sur l'auteur de l'article : Michael Ravaneda.
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