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Target et Walmart : les deux faces d'une même pièce

Target et Walmart sont deux géants de la distribution aux Etats-Unis. Ces deux enterprises vendent à peu près de tout : des vêtements aux appareils électroménagers en passant par les produits d’épicerie et les bijoux. L’annonce de leurs résultats financiers peut servir de proxy sur l’état de l'économie américaine.


Résumé de l'article

  • Target a réalisé un chiffre d’affaires et un bénéfice net de respectivement 24,77 Md $ (-4,9% par rapport à 2022) et 835 M $ (+356%) au 2ème trimestre 2023.

  • La chaîne a réussi à maintenir ses marges et à gérer correctement ses stocks mais prévoit une baisse du chiffre d’affaires annuels.

  • Malgré des résultats en demi-teinte, le marché a quand-même récompensé le titre par une hausse de 2,96% à la séance du 16 août.

  • Walmart a annoncé un chiffre d’affaires et un bénéfice net de respectivement 161,63 Md $ (+5,7% par rapport à 2022) et 7,891 Md $ (+53,3%).

  • La direction a en outre annoncé d’autres prévisions encourageantes telles une expansion des marges et une croissance des ventes pour 2023.

  • Le marché a sanctionné le titre à la séance du 17 août alors que l’entreprise conforte sa position dominante dans le monde de la grande distribution.

  • Le point intéressant ici est de mettre côte-à-côte les observations rapportées par les deux directions.

  • Target a une cible plutôt premium et observe une hausse des vols et une réception moins bonne de ses campagnes de promotion.

  • Walmart cible les classes populaires et annonce l’arrivée d’une clientèle aisée dans leurs magasins, sans doute attirée par de produits bons marchés à cause des conditions économiques plus contraignantes.

  • Cela contredit la narrative des bienfaits des "Bidenomics" et correspond à un début de fébrilité sur les marchés.




Target rate la cible

Le mercredi 16 août 2023 avant l’ouverture des marchés américains, Target ($TGT) a publié ses résultats pour le 2ème trimestre 2023.


La chaîne de distribution annonce un chiffre d’affaires trimestriel de 24,77 Md $ et un bénéfice net de 835 M $, soit un bénéfice par action (BPA) de 1,80 $. En variation annuelle, les ventes ont décliné de 4,9% tandis que le bénéfice net a progressé de 356%. L’augmentation des profits a été principalement porté par une baisse des coûts directs (marchandises, employés des magasins) qui a surcompensé la hausse des coûts indirects.


Les analystes s’attendaient à un chiffre d’affaires de 25,16 Md $ et un bénéfice net de 668 M $ soit un BPA de 1,44 $.

2ème trimestre 2023

Variation (annuelle)

Réel

Estimé

Chiffre d'affaires

- 4,9%

24,77 Md $

25,16 Md $

Bénéfice net

+ 356%

835 M $

668 M $


Autres métriques scrutées dans cette industrie, il y a la variation annuelles des ventes par magasin (en anglais, "same-store sales" abrégé en SSS), la marge brute et la taille des inventaires.

2ème trimestre 2023

Réel

Estimé

Ventes par magasin

- 5,4%

- 3,5%

Marge brute

27%

25,8%

Inventaire

12,68 Md $

15,32 Md $ (en 2022)


Ce n’est pas un sans-faute, mais les marchés ont l’air d’être satisfait puisque le titre a été acheté. On peut peut-être mettre cette réaction positive sur le compte des efforts de réduction des coûts, une utilisation plus efficiente du capital (réduction de la taille de l’inventaire) et une hausse des dividendes (s’élevant à 499 M $, soit 1,076 $ par action, en hausse de 20% par rapport à l’année dernière).


Dans le communiqué de presse, la direction prévoit un déclin de son chiffre d’affaires pour l’année 2023 autours de 5% par rapport à l’année passée. Même tendance pour la prévision du bénéfice par action annuel qui devrait être comprise entre 7$ et 8$, contre 7,75 $ et 8,75 $ précédemment.


Dans la conférence téléphonique tenue par la direction, il est fait état d’une utilisation toujours plus forte de démarques pour attirer les consommateurs. Bien que la direction pense que l’utilisation des démarques devrait se tempérer sur le long terme, elle n’en voit pas de signe immédiat qui suggère un renversement de tendance.


De plus, ils constatent une hausse de vols avec actes de violence dans les magasins de plus 120%. Parallèlement à ces actes d’agression qui ne participent pas au bien-être des employés, la direction rapporte une hostilité des visiteurs vis-à-vis des animations organisées dans les magasins. Ceci laisse à penser de futures pressions à la hausse sur le coût salarial.



Walmart rayonne

A la suite de Target, l’autre géant américain de la distribution Walmart a publié ses résultats du 2ème trimestre 2023 le jeudi 17 août.


L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 161,63 Md $, en hausse de 5,7% en glissement annuel, contre une moyenne d’estimation de 159,72 Md$. Le bénéfice par action s’élève à 1,84 $, en baisse annuelle de 2,12% (1,88 $ au T2 2022), contre un consensus de 1,70 $. Autre signe encourageant : la direction annonce une hausse des ventes par magasin hors carburant de 6,3%, dépassant les 4,04% attendus par les analystes.


2ème trimestre 2023

Variation (annuelle)

Réel

Estimé

Chiffre d'affaires

+ 5,7%

161,63 Md $

159,72 Md $

Bénéfice par action

- 2,12%

1,84 $

1,70 $

Ventes par magasin hor carburant (variation annuelle)

- 50 points de base par rapport à T2 2022

+ 6,3%

+ 4,04%

Autres aspects positifs de ce trimestre incluent :

  • Marge brute en hausse de 40 points de base grâce à une meilleure maîtrise des opérations de rabais et de la chaîne d’approvisionnement.

  • Une marge d’exploitation en hausse de 7,6% en glissement annuel, atteignant un montant de 6,1 Md $ malgré une hausse des dépenses de 28 points de base.

  • Une baisse de 7,6% du niveau d’inventaire réduisant les besoins en fonds de roulement.


Les prévisions pour l’année 2023 sont globalement positives, notamment sur les marges :

  • Une prévision de croissance du chiffre d’affaires pour 2023 située entre 4% et 4,5% (contre +6,7% réalisé en 2022).

  • Une prévision de la marge d’exploitation située entre 7% et 7,5% pour l’année (contre 4% en 2022).

  • Un bénéfice par action annuel révisé situé dans une fourchette révisée à la hausse de 6,36$ et 6,46$ au lieu de 6,10$ et 6,20$ (contre 4,27$ en 2022).


Face à tant de nouvelles encourageantes, le marché a étonnamment sanctionné le titre avec une baisse de -2,24% à la séance du 17 août :


Comme dit dans des articles précédents, le marché passe son temps à exagérer et les mouvements de prix à court terme est de l’ordre du prix. Ces résultats confirment la domination de Walmart dans la distribution, qui est certainement l’entreprise la plus capable au monde à travailler avec des volumes énormes et des marges microscopiques, à tel point qu’aucune autre entreprise ne peut la concurrencer.



La substantifique moelle

Ce qui est intéressant ici est la mise côte-à-côte des résultats financiers de Target et Walmart, car le premier cible traditionnellement la classe moyenne aisée tandis que le second s’adresse plutôt à la classe populaire.


Dans la conférence téléphonique de Walmart qui a suivi la publication du communiqué de presse, le directeur financier, John David Rainey, se félicite de la part croissante d’une nouvelle clientèle avec un plus fort pouvoir d’achat. Selon M. Rainey, cela serait dû à leur excellence opérationnelle.


Un esprit plus cynique y verrait plutôt un début de cannibalisation de la clientèle de Target par Walmart qui est rattrapée par la réalité économique et obligée de trouver une alternative moins chère. La narrative de la magie de la "Bidenomics" prend un coup dans l’aile…



Conclusion

On a connu des mois de hausse et d’euphorie des marchés alors que les fondamentaux ne les justifiaient pas tellement. Les médias financiers commencent à publier allant l’encontre des arguments haussiers du marché : le dernier procès-verbal de la Réserve fédérale américaine moins colombe que prévue avec une inquiétude sur la persistance d’une forte inflation, un battage autours de la dégradation économique et financière de la Chine, l’agence de notation financière Fitch qui persiste dans leur envie d’abaissement de notes de crédit cette fois-ci pour la Chine et les banques américaines


Récemment, on observe une baisse marquée sur les segments les plus spéculatifs du marché financier.


Sûrement le plus spectaculaire, le Bitcoin a perdu 12,80% en un mois dont une bonne partie en seulement quelques heures :


Qui se rappelle de l’annonce faite par BlackRock sur la création de fonds indiciels de bitcoins avec détention physique de l’actif sous-jacent ? Même si c’est un projet sincère, ils ne vont certainement pas acheter au plus haut.


L’indice des entreprises de biotechnologie S&P Biotech qui contient beaucoup d’entreprises à l’état d’essais cliniques, sans produits commercialisés et donc sans revenu a baissé de 9,55% en un mois.


L’indice S&P500 qui représente les valorisations des 500 plus grandes entreprises des Etats-Unis a surperformé l’indice Russell 2000 qui concerne les petites capitalisations. Sur un mois, le S&P500 a décliné de 4,44% contre -6,42% pour le Russell 2000 :


L’indice de volatilité VIX aussi appelé "l’indice de la peur" a grimpé de 33,36% en un mois. Pour information, cet indice rend compte de l’état global du marché des options et traduit l’opinion des traders sur l’écart entre le niveau actuel des marchés et celui qu’ils pourraient atteindre dans un futur proche.


L’idée ici n’est pas de prédire ou de vendre la fin du monde, mais de se rendre compte de l’humeur actuelle des marchés. Force est de constater que les mauvaises nouvelles ont le vent en poupe… qui curieusement correspond à la rentrée. On pourrait même penser que les gros opérateurs rentrent de congé et veulent recharger à bas coût afin de préparer la fin de l’année, période cruciale pour le calcul de leurs bonus…



Cet article ne constitue pas une recommandation à un investissement quelconque.



 

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